maison thalassa 2

Enfant je partais en vacances avec les parents au mois d'août, mais je passais souvent le mois de Julliet à Saint Calais dans la Sarthe chez mon grand-père Gaston.

Mon grand-père étais coiffeur.Gaston Salon de coiffure 0002

Son salon était situé rue Henri Maubert, c'est la que je logeais dans une petite chambre au premier étage, juste au dessus du salon de coiffure. Dans cette petite chambre contiguë à celle de mon grand père il y avait trois grands drapeaux français bien enroulés et bien rangés. Ces drapeaux m'impressionnaient beaucoup. Il représentaient l'autorité, l'ordre et le respect.
A la fenêtre de la chambre de mon grand-père était installé un support pour y placer les trois drapeaux et les jours de fête nationale les trois drapeaux flottaient au vent. C'était joyeux et j'étais fier.

Mon grand père Gaston respectait la loi et la constitution, une l'exception seulement dans les années quarante où il s'est engagé contre le régime de Vichy et l'occupant. Allemand.
Mais pour le reste c'était le droit est le droit, point final. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte à plusieurs reprises, mais j'ai deux exemples en tête :
Un jour à Paris lorsque nous sortions de la station de métro Faidherbe-Chaligny lui, ma mère et moi, le feu était rouge donc donnait la priorité aux piétons, il s'est donc engagé sur la chaussée sans avoir le moindre regard à gauche ou à droite, sans s'imaginer une seconde que dans notre monde de cinglés quelqu'un n'allait peut être pas respecté ce qui pour lui constituait une règle intangible : S'arrêter au feu rouge.

Le second exemple est lié à l'affaire du "Watergate" dans les années 70. Lors d'une conversation avec lui sur le sujet, pour lui il n'y avait pas de sujet ! Nixon était président des Etats Unis et par conséquent il était légitime et ne pouvait pas être impliqué dans une affaire douteuse Point final.
Y'a rien à voir, circulez !....

J'aimais ce caractère entier même si en ce qui concernait Le président Nixon et le Watergate j'avais du mal à comprendre. 
Cette réaction a été pour moi un sujet de réflexion qui perdure encore : Comment peut on à quarante ans s'engager dans la résistance et prendre autant de risque soi-même et pour sa famille pour qu'un ordre juste soit rétabli et quarante ans après considérer que l'ordre en place est l'ordre juste.

Salon Gaston 1Tout cela reste un mystère mais j'ai toujours eu une admiration profonde pour mon grand-père Gaston. 
 
Gaston avait une maison rue Coursimault. c'est la maison dans laquelle il a pris sa retraite et dans laquelle aussi j'étais le plus souvent. cette maison était située en sortie de la ville sur la route du Mans. 40 km de ligne droite entre Saint-Calais et le Mans.
Cette longue ligne droite a été fatale à plusieurs reprises à la maison du médecin situé en face de cette interminable route droite. De nombreux véhicules se sont en effet encastrés dans la maison à la suite de l'endormissement du chauffeur. Un jour c'est même un camion qui a fait son entrée dans la salle à manger. Je garde un tendre souvenir de ses vacances à la campagne. J'avais mon vélo et mon grand-père me laissait aller et venir dans la ville. À cette époque les enfants étaient beaucoup moins surveillés qu'aujourd'hui et les adultes mêmes s'ils étaient attentifs étaient généralement moins inquiets.

Je me souviens aussi des marchés qui se tenaient en ville sous la halle couverte.
Mon oncle Albert, l'un des frères de Gaston y venait dans une charrette à cheval depuis Conflans-sur-Anille, un petit bourg aux environs de Saint-Calais.
Le cheval était attaché, comme cinq ou six autres l'un des anneaux que l'on trouvait à l'époque sur chacune des maisons à la campagne.