Mon retrait momentané et partiel du monde du spectacle :
Trois ans plus tôt j'avais cessé d'assurer la régie générale pour Jacques Higelin.
J'avais décidé de reprendre une "activité plus normale" car après trois ou quatre ans de collaboration entre photo et régie générale (ou secrétariat), comme on veut le succès de Jacques était croissant.
Quelques années plus tôt il avait obtenu le prix "Charles Cros" en 76. Prix qui est surement tombé en désuétude aujourd'hui à l'heure de Deezer mais qui était un prix extrêmement important dont tous les grands de la chanson française avaient été honorés.
Il préparait "Champagne pour les uns" & "Caviar pour les autres". Ce double album commencé à Bogalusa en Louisiane pour être terminé à Hérouville en France ne devait à l'origine n'être qu'un album simple.
Si finalement l'ensemble "Champagne" et "Caviar" a été un succès rien n'était joué d'avance.
C'était une période où les producteurs s'intéressaient beaucoup à cette étoile montante de la scène française.
Je me souviens de cette rencontre organisée par l'équipe d' Eddy Barclay dans le "lounge bar" d'un hôtel luxueux de l'ouest parisien où Eddy Barclay avait rejoint Jacques au piano et après avoir joué quelques notes ou quelques morceau joués ensemble lui avait demandé "Combien ?"
Sans surprise la réaction de Jacques a été immédiate. Il a quitté la pièce et l’hôtel en question et Eddy Barclay, à ma connaissance n'a jamais plus revu Jacques Higelin.
Albert Koski qui avait été le "K" de la société de production "KCP" (Koski Cauchois Production) qui avait produit de nombreux concerts en France s'intéressait lui aussi à Jacques.
J'ai compris que le risque était grand pour moi était d'être remplacé auprès de Jacques par une personne de l'une de ces productions.
J'ai donc repris une "activité plus normale" assez inintéressante mais dont j'avais choisi les horaires de 14H à 22H qui me permettait ce travail fini de continuer à côtoyer les acteurs illustres ou inconnus de cette nouvelle scène du rock français qui émergeait à la fin des années 70 et dont je m'étais fait des amis ou avec lesquels j'avais de fortes relations.
Ces personnes étaient des "stars" avérées ou en devenir, des musiciens, des techniciens, des réalisateurs tous illustres ou inconnus, mais qui avaient un rôle dans cette mouvance des années 70's en France sur lequel les espagnols, eux avaient accroché un nom pour ce qui les concernaient : "La movida" après la mort de Franco.
Ce mouvement a eu bien lieu lui aussi ici pour cette nouvelle scène rock sans qu'un nom ne la qualifie.
C'était un bonheur d'avoir la chance de surfer sur cette vague.
La rencontre :
Un après-midi de 1983 François Delage, bassiste dit "Frantz" m'appelle et m'explique qu'il se trouve attablé dans la brasserie du Bataclan avec Alain Bashung et qu'Alain souhaitait me rencontrer.
En effet malgré les amis communs que nous avions je n'avais jamais rencontré Alain Bashung.
Mais l'objet de la discussion qu'avait Frantz et Alain ce jour là portait sur la forme que devait prendre la prochaine tournée.
Alain qui venait de sortir "Gaby" avait l'intention de sortir du carcan "Show Biz" dans lequel il se trouvait depuis des années. Il rêvait de "Plus grand espaces".
Il avait déjà a ses côtés quatre super musiciens qui formaient le groupe "KGDD" (Manfred Kovacic, Olivier Guindon, Frantz Delage et Philippe Drai) avec lesquels il allait pouvoir créer la musique dont il rêvait depuis des années.
Mais pour l'heure il était question de la future tournée et Frantz venait d'expliquer à Alain la façon dont je gérais les tournées, comment je réservais le même hôtel pour tous le monde du chanteur aux roadies. Et c'était loin d'être le cas dans le show biz traditionnel. L'idée plaisait à Alain et rendez-vous fut pris pour le lendemain.
Le lendemain donc je découvre quelqu'un d'adorable, l'œil malicieux et la vanne au bord des lèvres. Il n'a pas fallu longtemps pour que nous nous mettions d'accord. Le jour même je mettais fin à mon job pour me concentrer sur la tournée à venir.